ACP
SAMEDI 17 SEPTEMBRE
Le rap corse d’ACP
Un son et un ton originaux
Douceur et hard. Tendresse et injures. ACP fait résonner le français et tonner le corse. Toujours nationaliste, jamais raciste ainsi se définit le rappeur ajaccien ACP.
Originalité d’ACP ? Mêler le corse et le français, cadences du rap et musique nustrale. Un des rares artistes à oser le bilinguisme dans ce style d’expression artistique sur l’île. Il y a de la violence, de la virulence dans le propos créatif du rappeur, de l’ardeur aussi à défendre son identité et des valeurs qu’il juge indispensables à préserver. A sauvegarder. Il vient de sortir sur internet un nouveau single qui donne bien un aperçu de sa production, qui intègre la paghjella. Son titre ? « Sucietà ». Apre, brutal, ce chant est également une leçon de vie en proclamant que « le savoir est une arme ».
Né dans le Midi de la France, Anthoni Conti a constamment gardé un lien fusionnel avec l’île de ses origines. Comme tous les rappeurs il s’est taillé un nom sur mesures, sa marque de fabrique en somme ! ACP, trois lettres pour dire son investissement et pour être repérer facilement dans le bouillon de culture du rap. Tout jeune l’artiste s’est branché sur la musique corse et s’est passionné pour un rap qui ne s’était pas encore trop dilué dans le business et le tape-à-l’œil. Un rap qui dénonçait le système, qui recherchait une authenticité d’être et de devenir. Son mot d’ordre : fuir le confort et le conformisme. Longtemps son but a été de vivre chez lui. Il a donc réintégré le village de sa famille proche d’Ajaccio.
La réalisation de « Chjama » son premier album lui a demandé un an et demi. Pour concrétiser son projet il s’est entouré d’une équipe de professionnels aussi bien pour ses clips que pour son travail en studio. Doué d’un ample registre vocal il n’a jamais appris la musique ce qui ne l’empêche pas d’apprécier énormément le violon, la guitare, le piano. L’album, « Chjama » comporte quinze chants dont le plus connu et reconnu, « Pastore », qui avec une modernité affirmée, évoque avec fougue et délicatesse l’univers du berger dans des panoramas montagnards d’une infinie splendeur. Atmosphère que restitue à la perfection le clip. Dans la chanson « Africa» le rappeur plaide pour une fraternité qui n’exclut pas la remise en question à contrario d’un suivisme béat. Avec « Spartemu » il dénonce la drogue, le fric. Dans « Dura » il s’attaque entre autres au bétonnage qui défigure l’île. Avec « Casa » il s’oppose avec fureur à ceux qui vendent la terre, la maison des ancêtres. « Umanu » se fait cinglant contre un système qui a trop relégué les insulaires en posture de mendiants. Souvent outrancier mais jamais crade ACP convainc par son attachement viscéral à la Corse et par sa foi en l’amour.
